Paul Boulanger, président de Pikaia et anciennement Responsable National Responsabilité Sociétale des Entreprises et des Organisations (RSE-RSO) chez Inddigo a soutenu le 21 décembre la thèse : « Le biomimétisme comme outil d’intégration du développement durable dans les stratégies d’entreprise ». Il obtient ainsi son titre de Docteur en Sciences de Gestion après 6 années de recherches menées en parallèle de son activité chez Inddigo et co-financées par notre cabinet.

Il nous présente, dans ces quelques lignes, l’objet de son travail de recherche

Paul, peux-tu nous présenter en quelques phrases le sujet de ta thèse ?

Mon travail a consisté à développer un modèle qui permet d’identifier des équivalences entre le fonctionnement des écosystèmes vivants celui des entreprises et des marchés. Des modèles existaient dans le domaine des sciences de gestion, tels que la théorie évolutionniste ou les écosystèmes d’affaires. Mais aucun n’était allé jusqu’à une analogie complète entre les deux systèmes (économie et écologie) et nombre d’entre eux manquaient même de cohérence. Il fallait remédier à cela pour mener à bien un vrai travail d’écomimétisme (le biomimétisme qui s’inspire du fonctionnement des écosystèmes, NDLR).

La plus grande difficulté a résidé dans le caractère pluridisciplinaire de cette thèse, qui, concerne à la fois les sciences de gestion dont la stratégie constitue l’une des disciplines, l’écologie scientifique, la systémique  et enfin les théories psycho cognitives.

Quel est l’intérêt pour une entreprise de s’inspirer des écosystèmes ?

Cela permet de concevoir une stratégie qui soit à la fois innovante et durable. Sur le premier point, la nature génère sans arrêt de l’innovation et ce, de manière plutôt astucieuse, en utilisant ce qui existe et en le réagençant. De plus, s’inspirer des être vivants oblige le décideur à décaler très fortement son regard : les concurrents ne sont plus forcément à combattre frontalement, les modalités de relation avec les clients et partenaires apparaissent potentiellement plus riches, la fonction de l’entreprise dans son environnement reprend du sens… Le côté durable reste à démontrer plus complètement, mais la dépendance de l’entreprise vis-à-vis des ressources et du territoire incitent à penser en termes de responsabilité sociétale.

Dans quel contexte as-tu initié tes recherches ?

L’idée est née de discussions avec Bruno Lhoste : nous réfléchissions aux moyens de continuer d’incarner la mission militante d’Inddigo dans le contexte de la crise économique qui avait débuté en 2008. A cette époque, de nombreux dirigeants ne pensaient plus qu’à la survie de leur entreprise et renonçaient, à contrecœur parfois, à prendre en compte les enjeux de durabilité. On en est venu à penser une méthode qui serait à la fois utile à la performance économique de l’entreprise et pertinente du point de vue de sa Responsabilité Sociétale. C’est comme ça que tout a démarré. Nous avons opté pour le cadre de la recherche publique (une thèse, donc) car il fallait que les résultats soient indiscutables et puissent être transférés au plus grand nombre, pour accélérer la transition vers des modèles durables.

Biomimétique et biomimétisme, est-ce la même chose ?

La biomimétique consiste à s’inspirer de la nature pour élaborer des matières ou procédés, penser des organisations ou concevoir des systèmes complexes dans le domaine des activités humaines.  Dans le pire des cas, elle peut amener à reproduire des processus qui sont vertueux dans la nature mais dans des dispositifs qui ont un impact négatif sur la biosphère. Le biomimétisme intègre une exigence supplémentaire : la soutenabilité ; il revendique un réel objectif de développement durable.

La suite ?

Le modèle de transfert entre monde du vivant et monde de l’entreprise a débouché sur une méthode qui sera déployée au sein de Pikaia. Elle a déjà démontré qu’elle avait une réelle pertinence dans des approches collectives ou individuelles. Elle propose une source d’innovation stratégique et permet d’intégrer naturellement le développement durable dans la stratégie des entreprises.

Pikaia est la filiale créée par Inddigo en 2018. Elle est déjà perçue comme leader en France dans le domaine du biomimétisme appliqué aux stratégies d’entreprise, grâce à mes travaux mais aussi à ceux menés à bien depuis 2015 par Emmanuel Delannoy autour du concept de Permaéconomie qu’il a fondé. Par notre association, nous nous sommes par ailleurs hissés directement au 3ème rang des cabinets les plus expérimentés en termes  d’ Économie de la Fonctionnalité et de la Coopération (EFC).

Un dernier mot pour conclure ?

A l’occasion de ma soutenance, j’ai tenu à rappeler la contribution quotidienne des 200 collaborateurs d’Inddigo à l’avènement d’un futur soutenable et les remercier pour leur soutien indirect dans mes travaux de recherche. Et saluer ceux qui se sont engagés un peu plus directement, du fait de leurs compétences, de leurs fonctions ou des deux. 
 
Paul Boulanger a soutenu sa thèse le 20 décembre 2018 à l’Université de Bourgogne (Dijon). Le jury de soutenance était composé de :

Rachel BOCQUET, Professeur des Universités, IREGE, Université Savoie Mont Blanc - Rapporteur Samuel MERCIER, Professeur des Universités, IAE Dijon-CREGO, Université de Bourgogne - Directeur de Thèse

Kalina RASKIN, Directrice générale du CEEBIOS - Suffragante
Angèle RENAUD, Professeur des Universités, IAE Dijon-CREGO, Université de Bourgogne - Présidente
Fabrice ROTH,   Professeur des Universités, IAE Lyon, Université Jean Moulin Lyon 3 - Rapporteur
 
La thèse sera rendue publique au printemps 2019.