Le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis a confié à notre groupement la création d’un parc paysager sur la friche du « terrain des essences » à La Courneuve. Après une phase de dépollution, le projet est conçu pour accueillir le public et améliorer ses caractéristiques écologiques pour favoriser la biodiversité.


Un projet d’agrandissement et de nouvelle entrée du parc Georges-Valbon impulsé par les Jeux Olympiques et paralympiques de 2024.
Le « terrain des essences », une parcelle de 13 hectares, était la propriété du ministère de la Défense et servait de lieu de stockage pour des hydrocarbures de l’armée jusqu’en 2002. Les coûts de dépollution rendaient inexploitables cette vaste étendue située à La Courneuve dans le prolongement du parc départemental Georges-Valbon.

La Solideo, société d’aménagement des jeux olympiques et paralympiques, avait initialement retenu cet espace pour organiser les compétitions de tir des jeux de 2024. Le projet, doté d’équipements temporaires, prévoyait ensuite de s’intégrer pleinement au parc départemental Georges-Valbon limitrophe. Les épreuves de tir ont finalement été délocalisées mais l’ambition de rendre à la nature et aux habitants cette friche est restée intacte.
Le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, maître d’ouvrage de ce projet de renaturation, a confié à notre groupement composé de l’Agence TER (mandataire), Ingérop et Inddigo, la mission de maîtrise d’œuvre pour la création d’un parc paysager, lieu d’accueil de biodiversité sur le « terrain des essences ».


Terrain des essences avant renaturation


Le projet de renaturation du « terrain des Essences » prévoit 3 zones distinctes pour conjuguer accessibilité, usages, et protection de la biodiversité
L’aménagement du « terrain des essences » a été conçu pour accueillir le public mais également en améliorer les caractéristiques écologiques. Il se divise ainsi en trois parties distinctes qui correspondent à la fois à des milieux et à des paysages différents ainsi qu’à une expérience particulière du visiteur.
  • Au sud, l’entrée sera accessible en transports en commun et améliorera l’accès à l’ensemble du parc départemental Georges-Valbon. Les espaces seront aménagés par des équipements propices à la détente et à la promenade.
  • Au centre, l’espace dit « des clairières de jeux » sera un point d’attraction fort. Des aires de jeux et de glisse prendront place au centre. Des assises, une fontaine à boire, des sanitaires seront également proposés. D’autres espaces dédiés uniquement à la promenade, au repos et à la contemplation complèteront la zone. La noue* se franchira par le biais de passerelles amorçant les platelages surélevés de la zone Nord. Quelques mobiliers de repos seront disposés dans ces espaces à l’ombre de petits bosquets.
  • Au nord, une zone de refuge pour la biodiversité sera en grande partie inaccessible au public. Les usagers auront accès à la réserve Nord via une promenade en platelage les guidant à travers le site vers un observatoire et des espaces de repos tournés vers le paysage. Ces espaces pourront être saisonnièrement fermés, en période de reproduction des amphibiens par exemple. La partie nord est également un espace stratégique pour de nombreuses autres espèces clefs présentes sur site (chauves-souris, faucon crécerelle,…).


Des enjeux écologiques et de préservation de la biodiversité forts
  • Un cortège d’oiseaux importants
Le département de Seine-Saint-Denis compte 15 sites remarquables pour les oiseaux regroupés en réseau et classés « Natura 2000 - Sites de Seine-Saint-Denis ». Douze espèces d’oiseaux dites « d’intérêt communautaire » fréquentent de façon plus ou moins régulière les espaces naturels de ces 15 sites, dont le parc Georges-Valbon, qu’elles soient sédentaires ou de passage. Notons particulièrement ici le Pic noir et le Pic mar. L’aménagement du nouvel espace prévoit donc une attention toute particulière à l’attraction de l’avifaune.
  • La colonie de crapauds calamites
Favorisé par le départ de l’Armée et la dépollution des sols, le « terrain des essences » est devenu l’habitat d’une des plus grandes populations de crapauds calamites de Seine-Saint-Denis. Pour les protéger plusieurs actions sont prévues comme la création de zones humides et le maintien d’une couverture végétale très rase.

Arbres possédant des cavités favorables à l’installation de pics en période de reproduction

La mission d’Inddigo
Inddigo assure la mission de bureau d’études écologie et biodiversité. Notre rôle est d’apporter des réponses à des questions multiples en phase de conception du projet et de suivi du chantier, comme notamment :
  • Comment concevoir un projet favorisant au mieux la biodiversité ?
  • Comment préserver la biodiversité du site en période d’aménagement ?
  • Comment recréer des sols fertiles à partir de remblais inertes réutilisés in situ ?
  • Comment reboiser intelligemment pour servir au plus grand nombre d’espèces végétales et animales ?
  • Comment respecter et mettre en œuvre l’arrêté préfectoral et respecter le cadre règlementaire en faveur de la biodiversité ?
  • Comment favoriser la biodiversité en période de fonctionnement du parc ?

Quelques réponses
  • Des compléments d’inventaires écologiques sont nécessaires pour préciser les enjeux : recensement par exemple des cavités dans les arbres servant d’habitats aux pics noirs et aux pics mar pour éviter de les faire disparaître.
  • La revégétalisation du site se fait en partie en régénération naturelle. Les nouvelles plantations sont réalisées à l’aide de plants représentatifs de la végétation d’Ile-de-France et issus de pépinières bénéficiant du label « Végétal local » pour éviter au maximum la pollution génétique.
  • La mise en place des platelages permettra de canaliser le public dans les zones sensibles pour la faune et la flore.
  • Des « arbres totems » seront disposés çà et là dans le parc. Ce sont des arbres morts, essentiellement des peupliers noirs récupérés sur le site, qui seront plantés en terre de façon à être colonisés par les insectes saproxylophages (qui se nourrissent exclusivement de bois mort) et servir de perchoir aux buses et autres oiseaux.

Les principales étapes du projet

  • Juillet 2023 : préparation du chantier, création des voies d’accès
  • Août 2023 : terrassement
  • Octobre 2023 – Janvier 2024 : semis et plantations
  • Novembre 2023 : création des nouveaux cheminements sur le parc Georges-Valbon
  • Mars – Juin 2024 : pose des revêtements de sol, du mobilier, etc.
  • Novembre 2024 – Février 2025 : préparation du sol et plantations définitives
  • Printemps 2025 : livraison du projet
Ce planning a été conçu en s’adaptant aux périodes écologiques sensibles.