L’ADEME a confié une étude d’évaluation des systèmes de réemploi-réutilisation des emballages ménagers au groupement Inddigo - Deloitte Développement Durable.

Après un état des lieux, nous avons réalisé l’évaluation technique, économique, environnementale et sociale de 10 dispositifs. Cette étude a permis de tirer les enseignements de leur intérêt, d’identifier les freins et leviers à leur mise en œuvre et de proposer des recommandations en vue d’un déploiement des systèmes efficaces.


La pratique de la consigne pour les emballages en verre, longtemps exploitée en France, a fortement diminué dans les années 80.
Le développement des contenants jetables, briques et bouteilles en plastique ou en alu, les modifications des pratiques de consommation et des pratiques de distribution associées ont largement contribué à cette baisse. La création de la filière Responsabilité Elargie des Producteurs (REP) pour les emballages ménagers a favorisé le recyclage du verre dans les années 90. Aujourd’hui, plus de 45 % des emballages ménagers sont en verre et 86 % sont recyclés.

La pratique de la consigne encore présente sur certains produits professionnels de la restauration et de la boisson, a quant à elle quasiment disparu pour les particuliers, pourtant très favorables à son développement.

Le réemploi et la réutilisation des emballages ménagers apparaissent aujourd’hui comme prioritaires pour répondre aux objectifs que s’est fixé la France, notamment au travers de son programme national de prévention des déchets 2014-2020 et de la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte.


Face à ce constat, l’ADEME a initié la réalisation d’un état des lieux, paru en 2017 et d’une évaluation de 10 dispositifs de réutilisation-réemploi des emballages ménagers de boissons, parue en 2018.
Pour mener ces études l’ADEME a été accompagnée par Inddigo et Deloitte Développement Durable, ainsi que par un comité de suivi technique, composé du Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, Zéro Waste France (ZWF), la Fédération Nationale des Boissons (FNB), la Fédération du Verre, Citéo, le Conseil National de l’Emballage (CNE) et France Nature Environnement (FNE).


L’analyse des 10 dispositifs, variés, anciens et récents, a permis de tirer des enseignements sur leur mise en œuvre, d’identifier les freins et leviers et d’évaluer la pertinence et les modalités de leur duplicabilité. Le rapport publié par l’ADEME pendant la semaine Européenne de Réduction des Déchets, en novembre 2018, propose des recommandations à destination des porteurs de dispositif, des différents opérateurs, des pouvoirs publics, des organisations professionnelles et acteurs publics territoriaux.

Sous réserve d’une mise en œuvre optimisée et sous certaines conditions (taux de collecte, nombre de réutilisations, transport, performances de lavage), le remploi-réutilisation des emballages en verre présente un bénéfice économique et environnemental.


Quels sont les leviers pour le déploiement de systèmes de collecte pour réemploi-réutilisation efficients ?
  • Impliquer les différents acteurs de l’ensemble de la chaîne de valeur et les autres acteurs facilitateurs (collectivités, CCI/CMA, Chambre d’agriculture,…) pour créer un écosystème d’acteurs mobilisés, coordonnés et intéressés autour du dispositif
  • Assurer la maîtrise la plus large possible de la chaîne de valeur de l’organisation afin de lever les freins techniques (bouteille réutilisable, étiquette décollable, collecte, lavage) ;
  • Disposer d’un éco-procédé de lavage performant et optimiser son utilisation (en interne chez le conditionneur si les volumes sont suffisants ou en mutualisation)
  • Impliquer et engager les distributeurs dans la mise en vente des produits boissons à emballage réemployable-réutilisable et dans la mise en œuvre et la gestion de points de collecte des emballages réemployables sur les lieux de vente
  • Définir une organisation efficace de la collecte permettant de réduire les temps humains et l’impact des transports
  • Un soutien des porteurs de projet par les autres acteurs tels que les organisations professionnelles, les acteurs publics territoriaux et les pouvoirs publics

En parallèle de l’analyse, Inddigo a participé à l’enquête auprès des consommateurs sur les pratiques de « consigne » d’emballage pour réemploi-réutilisation menée pour l’ADEME par le CREDOC en partenariat avec L’Atelier du Territoire, GFK et Deloitte Développement Durable.

Quelles    sont les motivations d’achat pour les produits réemployables- réutilisables ?
56 % des personnes ayant déjà acheté ces produits disent l’avoir fait notamment pour l’impact de son mode de fabrication, de transport ou de conditionnement sur l’environnement.
Le réemploi-réutilisation ne constitue qu’une dimension parmi d’autres motivant l’achat de ces produits. En aucun cas, elle ne suffit pour que ces produits soient achetés.

L’étude menée auprès des consommateurs montre qu’ils sont prêts à adhérer à ce type de dispositifs soit par conviction soit par intérêt économique.
Pour impliquer les consommateurs de l’achat des produits à la restitution de l’emballage, et avoir un taux de retour important, les acteurs de la chaîne doivent sensibiliser, communiquer, mettre en valeur le caractère réemployable et prévoir une rétribution financière.



Remarque sur le périmètre de la consigne :
La Loi n°89-421 du 23 juin 1989 relative à l’information et à la protection des consommateurs, article 7, restreint le terme « consigne » à une somme d’argent équivalente au montant supplémentaire que le consommateur a payé au moment de l’achat d’un produit contenu dans un emballage consigné.
Cependant le terme « consigne » est aujourd’hui largement employé pour nommer les dispositifs de réemploi-réutilisation.
La consigne pour réemploi est à distinguer de la « consigne solidaire », terme apporté par la feuille de route économie circulaire nationale de 2018 qui instaure une « consigne pour recyclage ».
La destination après collecte est donc bien distincte et est le réemploi dans notre cas.